Un voleur poète ? Quelle blague ...

Une porte. Cloutée. Lourde, imposante, encastré dans la végétation ... du moins à ce qu'imaginait l'aveugle.
Il resserra le bandeau qui lui couvrait les yeux et s'approcha de la porte. Il frappa quelques coups et attendit. Pas de réponse. La pause des gardes ? Certainement.

Il sortit de son sac un petit couteau et une épine, qu'il prit soin d'introduire dans la serrure. Il plaça le couteau, et au bout de quelques minutes, la porte s'ouvrit en un grincement. Il sourit

"Ah bah voilà ...."

Il fit quelques pas. Puis il retira la capuche qui dissimulait son visage, et resserra de nouveau le bandeau qui lui couvrait les yeux.Aussi silencieux soit il, l’écho de chacun de ses pas sur le sol résonnait . Evidemment, les gardes, alertés, finisse par se pointer. Un de chaque coté, le saisissant par le bras

" Mais lâchez moi donc !! Pas ma faute si votre serrurier fait mal son boulot !"

Le ménestrel fit tous de même un sourire pour indiquer qu'il plaisantait. pas de réaction apparente de la part des deux montagne qui l’entraînait. Désespérant ...

Il senti qu'on le ligotait, et le poussait dans un coin de ce qui semblait être un hall. Il entendit un des gardes maugréer quelque chose, comme quoi il allait chercher quelqu'un....l'autre resta debout près de lui, un épais gourdin à la main.

" Bon, j'imagine qu'on va pas faire la causette e attendant, hein ?"

Sur un prompt "La ferme", le poète se tut. Pour patienter, il se mit à siffloter un petit air. Un nouveau "La ferme" plus agressif cette fois, lui intimait de se taire. Il songea donc, attendant qu'une Main veuille bien se monter

"Ah bah c'est pas trop tôt !!", lâcha t'il d'un air air désinvolte, alors qu'on le libérer.

"Je reconnais que crocheter les serrures, c'est mal, mais bon ... le métier, c'est le métier....."

Il rendit à la blonde son accolade, avant de lui déposer une bise sur la joue

"J'ai eu ta missive ... alors j'ai accouru ! Pas évident à trouver quand on voit pas la carte, mais j'ai improvisé ...."

Il sourit.Il fit quelques pas, histoire de se dégourdir un peu les jambes, en passant la main sur les murs, appréciant les peu d'architecture sur lequel il passait, soit celle qui ne dépasse pas hauteur d'homme. Puis il revint à la blonde, resserrant le bandeau qui lui couvrait les yeux, comme il le faisait à chaque fois qu'il débarqué quelque part.

"Est ce que vous avez un bureau, une bibliothèque ou un truc comme ça ici ? Enfin, un endroit où je peux trouver des parchemins ... Parce que maintenant que je suis là, pas question de chômer ! Alors, si y a des récits de bataille, de duels, ou quoi que se soit, c'est avec plaisir que je met au service de la main. Ah oui, pour le brigandage aussi ... j'avais oublié. Je progresse d'ailleurs ..."

Avec un grand sourire, il prit la main de Eve et y déposa une bourse en cuir, dont le poids indiquait très bien le contenu

"Celui çi m'avait pas l'air fin ... enfin bref ..."

Il sourit, tira de son sac un parchemin et une plume, et commença à prendre quelques notes.

L'aveugle se tourna vers Vargulfr, qui venait de surgir de nul part, le faisant sursauter. Il se tourna vers lui.

"Oui je suis un vrai aveugle, ceux qui voient pas .... Combien t'as de doigts ? 10 comme tous le monde ... sauf si il t'en manque bien sur "

Il esquissa un sourire à sa demande, a peine arrivé, déjà réclamé ! Mais il est l' heure pour lui de déclamer ...
Il fit un faible sourire

"Je n'ai jamais prétendu être talentueux ..... je crois ... bref, là n'est pas la question. "
Je te proposes donc deux poèmes : le récit de la bataille de Guéret, pour l’art épique, et un autre pour l'eau de rose, mes deux domaines. Voici le premier :

"Dans le soleil couchant, resplendissaient les murs de Guéret
Barrière si fragile, mais si bien défendue
Les hommes et les femmes, malgré l'heure, veillaient
Mais personne sur la place, personne dans les rues
Au loin, dans le vent et le ciel nocturne
Flottait le libre étendard
Sous cette bannière se réunissaient brigand, voleurs et autres roublards
Mais dont la fierté et la soif de liberté brillaient dans un rayon de lune.
Au dessus du champ de bataille, voletait le spectre des pleurs
Suivit de sa compagne, brume de douleur
Les étoiles, comme autant de sinistres yeux rivés
Sur ce qui allait être la bataille de Guéret.

Le cor, dans le crépuscule sonna
Les deux armées, nuées mortelles, s'ébranlèrent
Ici s'opposaient la défense et la Main de Laverna
Durant un instant, le silence .... puis retentirent les premiers éclats de fer
Deux avaient engagé le combat
Les lames débutèrent ce ballet sinistre et mortel
Tournoyant, funestes oiseaux aux noirs ailes
A leur suite, le chaos débuta
Les troupes s'élancèrent, à l'instar de leurs leaders
Certains hurlaient, d'autre priaient,
Mais tous dégainèrent haches, épieux, ou épées
Et débuta la bataille qui durerait maintenant de longues heures

En un hurlement, certains tombaient
En un cri, certains s'écroulaient
Mais toujours, se battaient ces guerriers
Que seul le funeste baiser de la mort pouvait arrêter
Cet enlacement traître, ce dernier sentiment
Que de ne plus sentir en sa poitrine son cœur vivant

Certaines scènes, cependant
Semblèrent se figer à travers le temps
Une brune, chutant des remparts, une lame en travers des cotes
Un brigand, bien bâti, de ses seuls poings abattait
Tout en répétant « Frapper, frapper »
Un soldat blessant, certainement pensant « A qui la faute ? »
Un aveugle s'écroulant, balafré
Une blonde, près de lui agenouillée
C'est après de longues heures que la bataille prit fin
Les défenseurs se retirèrent dans la cité, fermant derrière eux la porte cloutée
Les brigands s'en retournèrent au loin, attendant le lendemain
Dans chaque camp, les blessés étaient comptés

Ainsi, chacun dans l'aube nouvelle
Avaient les yeux scrutés sur l'horizon
Chacun souriait en dépit des pertes et des désillusions
Et songeait au prochain affrontement, à leur prochain duel. "

Et voici le second, Eve, je crois que tu le connais déjà, comme la bataille, forcément :

"J'envie la pluie qui ruisselle sur ton visage,
Larme du ciel, doux mirage
J’envie la neige, qui font l'hiver dans tes mains
La nuit, que te protège de ces étoiles, jusqu'au lendemain

La lune elle même, est terne auprès de toi
Les astres, ta beauté les fait pâlir
Le soleil, le soir, se sent obliger de s'endormir
De ton océan de beauté silencieuse, c'est sa lumière que tu noie

J'envie le souffle du vent, qui caresse chaque joue ta peau
Ce qui chaque jour effleurent tes lèvres, les mots
Le silence, qui parfois les remplace
Celui qui t’entraînent, le temps qui passe

J'envie la vie, qui te porte chaque jour
Les plus proches de ton coeur, la haine et l'amour
Les sentiments qui t’enivrent et t'emportent
Ceux qui t’affaiblissent, et te rendent plus forte

J'envie les pensées qui t'ont toujours côtoyées
Les larmes, qui naissent dans tes yeux
Qui me voient sans me regarder
Et qui te montrent l'illusion d'un monde heureux

J'envie l'ombre, qui te cache parfois
La lumière, qui t'arrache un sourire
la mélopée du sommeil qui s'empare de toi
Et dont seule la tirade de l’éveil peut te sortir

Et une joue, c'est la mort que j’envierais
celle qui te prendra dans ses bras
Pour t’éloigner de moi
Et ne plus jamais te relâcher"

L'aveugle fit une gracieuse révérence.